Présenter l’entité de Rouvroy sans parler de ce qu’on appelle ici « La Cellulose », actuellement « Burgo Ardennes », serait pécher par omission.
En parcourant nos bucoliques vallées, sans doute vous demanderez-vous ce que fait ici cette usine de pâte à papier à laquelle s’est accolée en 1991, une papeterie.
En 1962, à la confluence de la Chevratte et du Ton, au centre d’une région aux collines coiffées d’abondantes forêts de feuillus, se construisit sur le territoire du village de Harnoncourt, une usine de pâte à papier.La Chevratte, par son débit régulier et la qualité de son eau, assurait l’alimentation liquide de la fabrication.Le Ton, par son important débit, augmenté en aval par la Chiers, assurait la dilution des effluents après épuration par l’entreprise.Cette implantation décisive assura depuis un demi siècle, l’essor économique de toute la région.
Un peu d’histoire…
En novembre 1988, le groupe espagnol Torras Hostench entra dans le capital de la « Cellulose des Ardennes » (CdA) en achetant 50,01% des parts. Avec la Société Régionale d’Investissement Wallonne, l’objectif était d’intégrer à la fabrication de la pâte à papier, une production de papier fini, en coulée continue (1992).
Cet investissement colossal croisa malheureusement une conjoncture défavorable au secteur papetier :
- rapide dépréciation du dollar, devise dans laquelle était libellé le prix de vente de la pâte à papier
- morosité du climat économique et surcapacité de production du secteur européen qui engendra une pression à la baisse sur les prix de vente (857 $ la tonne en 89 pour 343 $ la tonne en 1993)
- les papetiers belges subissaient à l’époque de plein fouet, la concurrence active des papetiers scandinaves, italiens et espagnols
- à partir de 1991, en pleine première guerre du Golfe, le principal pourvoyeur de fond du groupe Torras, « Kuwait Investment Office », commença à ne plus pouvoir répondre à ses engagements financiers
- durant le premier semestre 1993, CdA accusait une perte mensuelle moyenne de production de 120.000.000 BEF sur des ventes de 295.000.000 BEF
Situation intenable qui aboutit le 4 août 1993, à la déclaration de faillite. Elle généra un véritable séisme économique en Gaume et dans toute la Wallonie, 2.000 emplois directs et indirects étant en jeu.
Afin de garantir la conservation de l’outil papetier tout neuf en attendant un repreneur, une ligne de crédit assurée par un consortium bancaire fut octroyée jusqu’en octobre 1993.
La reprise…
Le 30 mai 1994, les deux unités (pâte et papier) sont rachetées par le groupe italien BURGO, qui a depuis modernisé le site.
La production …en 2006, c’est une capacité annuelle de 360.000 tonnes de pâte à papier et de 350.000 tonnes de papier couché.Le chiffre d’affaires dépasse les 325 millions d’euros. L’emploi direct : 800 personnes.
L’engagement pour l’environnement, une ardeur d’avance…
Burgo, génère l’essentiel de son électricité en brûlant ses déchets de bois. “Burgo Harnoncourt” est à ce titre devenu un des plus grands producteurs wallons d’électricité verte et assurera demain le chauffage des nouvelles installations sportives de l’entité.
Les priorités:
- une gestion de l’environnement certifiée ISO 14001;
- un approvisionnement auprès de forêts certifiées PEFC (Pan European Forest Certification). Ce label atteste que tous les lieux d’origine du bois utilisé sont exploités de manière à préserver le potentiel de renouvellement;
- une réduction de 50 % de la consommation d’eau nécessaire à la production d’une tonne de papier;
- Burgo a divisé par quatre les émissions de soufre et de poussières;
- 80 % des déchets produits sont réutilisés, recyclés et/ou valorisés soit en interne soit en externe;
- les eaux usées sont évacuées après avoir subi un traitement qui restitue leurs caractéristiques d’origine. Les substances solides, filtrées dans la station de traitement, sont brûlées (régénérées) dans deux chaudières à récupération, pour produire de l’énergie propre.
Burgo, qui «pèse» environ 1/5e du chiffre d’affaires de l’industrie papetière en Wallonie, totalise à elle seule 70 % des efforts de réduction des émissions de gaz carbonique du secteur. Burgo est en mesure aujourd’hui de vendre des quotas de CO2 sur le marché des émissions «Emission trading». Dixit : Entreprendre Aujourd’hui N °85 – Mars 2006
Et si, malgré tout ceci, un Gaumais vous dit : “Ça sent la Cellulose, le temps va changer…”, peut-être comprendrez-vous un peu mieux ce qu’il voulait vous dire par là…